Je bruxe, mon enfant bruxe, mon patient bruxe, dois-je m’inquiéter ? Et, le cas échant, quels sont les moyens thérapeutiques à ma disposition ?
Points clés
- Le bruxisme se retrouve chez 8% à 20% de la population. Même si la physiopathologie n’est pas encore clairement établie, l’origine centrale du bruxisme fait aujourd’hui consensus.
- Il faut différencier le bruxisme de l’éveil (serrements en général) du bruxisme du sommeil (grincements fréquents).
- Le bruxisme fait partie des troubles du sommeil et peut être relié à un SAHOS, à des pathologies neurologiques ou à des prises de médicaments. Une anamnèse complète est indispensable pour en appréhender les manifestations.
- La prise en charge des bruxismes sera toujours la moins invasive possible : prise de conscience, approche psycho-comportementale, kinésithérapie à visée musculaire et/ou articulaire (voire fonctionnelle), protection des structures dentaires par gouttière.

Définitions
Le bruxisme est phénomène complexe tant au niveau de ses étiologies que de ses manifestations.
On le définit comme un comportement sans but physiologique qui se manifeste par des contractions rythmiques involontaires des muscles masticateurs avec contacts occlusaux1Collège National d’Occlusodontie , 2001.
C’est une para-fonction2Une para fonction met en œuvre les mêmes phénomènes qu’une praxie mais involontairement à savoir que la répétition du geste engendre une boucle motrice automatisée. Ces phénomènes d’habituation s’installent d’autant plus rapidement au niveau de la bouche que la sphère orale est un lieu privilégié des sensations plaisantes et apaisantes comme l’onychophagie (le fait de se ronger les ongles), le mordillement des lèvres ou des objets.
Le caractère potentiellement pathogène du bruxisme est lié à la persistance et la répétition des contacts dentaires induits.
Ils peuvent alors générer des troubles fonctionnels, douloureux et esthétiques affectant la qualité de vie du patient et cause de consultation.
On distingue différents types de bruxisme 👇
Selon le type de contraction
- Le bruxisme centré ou clenching : c’est le serrage de dents. L’axe de travail articulaire est respecté mais les forces exercées sont excessives et prolongées. Il serait plus fréquent de jour.
- Le bruxisme excentré ou grinding : c’est le grincement de dents. Les contraintes horizontales générées sont contraignantes pour les structures dentaires, en particulier prothétiques. Il serait plutôt nocturne.
Selon l’état de conscience
référence3Lobbezoo F, Ahlberg J, Glaros AG, Kato T, Koyano K, Lavigne GJ, De Leeuw R, Manfredini D, Svensson P, Winocur E. Bruxism defined and graded: an international consensus. J Oral Rehabil. 2013 Jan;40(1):2-4.

Le Bruxisme d’éveil, limité dans le temps, liée au stress ou à la concentration. Plutôt moins fréquent, on considère qu’il est moins destructeur que le bruxisme nocturne car le sujet peut arriver à se contrôler une fois qu’il en a pris conscience

Le Bruxisme du sommeil, observé plutôt au cours des phases de sommeil léger, est physiologique quand il reste modéré. Chez les bruxeurs, cette activité rythmique des muscle manducateurs est significativement plus importante et plus fréquente4Lavigne GJ, Rompre PH, Guitard F, Sessile BJ, Kato T, Montplaisir JY (2002), « Lower number of Kcomplexes and Kalphas in sleep bruxism: a controled quantitative study », Clin Neurophysiol,, 113, pp. 686-93.
Le bruxisme est inscrit dans la classification internationale des troubles du sommeil.
Un bruxisme d’éveil augmente considérablement les risques de développer un bruxisme du sommeil et vice versa5Lavigne GJ, Manzini C, KatoT, Kryger , Roth T, Dement WC. Sleep bruxism. In : Principles and Practice of Sleep Medecine, ed 4. Philadelphia Saunders. 2005:949-959
Selon leurs étiologies
- Le bruxisme primaire ou idiopathique est le plus fréquent. Il s’agirait d’une exaspération d’un réflexe archaïque en relation avec des troubles anxieux, ventilatoires ou comportementaux6Winocur E, Uziel N, Lisha T, Goldsmith C, Eli I. Self-reported bruxism – associations with perceived stress, motivation for control, dental anxiety and gagging. J Oral Rehabil. 2011 Jan;38(1):3-11.
Chez l’enfant, il serait physiologique avec un rôle dans la croissance des arcades par stimulation de l’os alvéolaire.
- Le bruxisme secondaire ou iatrogène est la conséquence de facteurs exogènes déclencheurs ou aggravants, parmi lesquels on peut citer
- des substances toxiques
- des troubles neurologiques
- des médicaments tels que les antidépresseurs7Laluque JF, Brocard D – Comprendre les bruxismes. [Paris]: Quintessence international; 2016
Dans les syndromes d’apnées hypopnées obstructives du sommeil (SAHOS), le bruxisme du sommeil pourrait être un phénomène compensateur, ce qui expliquerait leur association fréquente8Ohayon MM, Li KK, Guilleminault C. Risk facors for sleep bruxism in the general population. Chest. 2001 Jan;119(1):53- 619Khalil, R. B., & Richa, S. (2012), « Bruxisme induit par les psychotropes: mise au point », Annales Médicopsychologiques, revue psychiatrique, Vol. 170, N°. 3, pp. 169-173.
Épidémiologie
Phénomène inconscient, le bruxisme semble largement sous-estimé. Certains auteurs assurent que 70 à 100 %10Rozencweig D. (1994), Algies et dysfonctionnements de l’appareil manducateur, propositions diagnostiques et thérapeutiques, Paris, éditions CdP, 11Nadler S.C. (1957), « Bruxism, a classification : critical review ».,J.Am.Dent.Assoc, 54, pp. 615-622. de la population bruxent à un moment ou un autre de leur vie.
De façon plus générale, le bruxisme concerne préférentiellement l’adulte entre 20-50 ans, sans sexe-ratio.
Chez les enfants, il est plutôt nocturne, relativement fréquent (15-20 %) entre 7 et 11 ans, période de transition de la denture.
Bruxisme de l’éveil
- 12% des enfants12Petit D, Touchette E, Tremblay RE, Boivin M, Montplaisir J. Dyssomnias and parasomnias in early childhood, Pediatrics 2007;119:1016-1025
- 22,1 à 31% des adultes13Ohayon MM, Li KK, Guilleminault C. Risk factors for sleep bruxism in the general population. Chest. 2001 Jan;119(1):53- 61. 14Maluly M, Andersen ML, Dal-Fabbro C, Garbuio S, Bittencourt L, de Siqueira JT, Tufik S. Polysomnographic study of the prevalence of sleep bruxism in a population sample. J Dent Res. 2013 Jul;92(7 Suppl):97S-103S
Bruxisme du sommeil
- 3,5 à 40,6% des enfants15Machado E, Dal-Fabbro C, Cunali PA, Kaizer OB. Prevalence of sleep bruxism in children: a systematic review. Dental Press J Orthod. 2014 Dec;19(6):54-61.
- 12,8 à 31 % des adultes16Maluly M, Andersen ML, Dal-Fabbro C, Garbuio S, Bittencourt L, de Siqueira JT, Tufik S. Polysomnographic study of the prevalence of sleep bruxism in a population sample. J Dent Res. 2013 Jul;92(7 Suppl):97S-103S.
- 3% des personnes âgées
Remarque : la majorité des études est basée sur des questionnaires ce qui limite leur fiabilité. Lorsque la reconnaissance des cas est fondée sur l’autoévaluation, la prévalence se trouve être de 15%. Lorsque la reconnaissance des cas est fondée sur une combinaison d’autoévaluation et de résultats cliniques, la prévalence avoisine les 85%17Montplaisir JY, Lavigne GJ, Restless leg syndrome and sleep bruxism : prevalence and association among canadians, sleep 1994;7:739-743 68. Haute Autorité de Santé. Evaluation.
Les facteurs étiologiques
La physiopathologie du bruxisme n’est pas encore totalement connue, mais l’on sait aujourd’hui que le mécanisme est central et non périphérique.
Multifactoriel, la plupart des facteurs étiologiques doivent cependant être considérés comme des indicateurs de risque.
Les études dans le domaine se penchent actuellement sur les pathologies du sommeil et sur le dérèglement de certains neurotransmetteurs.
La théorie occlusale
Cette théorie a longtemps prédominé.
Elle part du principe que si les contacts dentaires habituels sont modifiés, voire altérés, par exemple lors d’un remplacement prothétique, il peut se produire en réaction un bruxisme excentré pour supprimer :
- cette prématurité (c’est à dire un contact dentaire trop précoce)
- ou des interférences trop importantes18Ramfjord,S.P. (1961), « Bruxism, a clinical and E.M.G. study », J.Am.Dent.Assoc, 62, pp. 21-44
Le bruxisme serait une réaction visant à se libérer de ces stimuli exogènes.
Cette hypothèse ne s’avère pas validée par les réhabilitations occlusales : la mise en place de cales pour créer des contacts prématurés et modifier l’occlusion de façon artificielle ne déclenche pas significativement d’épisodes de bruxisme.
De même, la réalisation d’une équilibration occlusale chez des bruxeurs ne réduit pas la para-fonction (c’est à dire le bruxisme)19Rugh JD, Barghi N, Drago CJ. Experimental occlusal discrepancies and nocturnal bruxism. J Prosthet Dent. 1984;51(4):548-53.
Néanmoins certaines malocclusions sont des facteurs de risque du bruxisme à savoir :
Le bruxisme, soupape émotionnelle : influence du stress et de la personnalité
Une autre hypothèse avance que le bruxisme serait un mécanisme libérateur des tensions en situation d’angoisse20Slavicek R, Sato S. Bruxism a function of the masticatory organ to cope with stress. Wien Med Wochenschr. 2004 Dec;154(23-24):584-9. . Comme toutes sensations plaisantes, le bruxisme ou les autres para fonctions orales atténuent les réactions au stress.

Le stress est un système archaïque de suivie. Il se traduit entre-autre par une hyperréactivité musculaire correspondant à une attitude de fuite ou de défense.
C’est un système archaïque de survie.
Si les stimuli se prolongent, un stress chronique s’installe avec une réponse moins intense mais permanente, conférant au stress sa pathogénicité.

Par le biais de l’axe hypophyso-hypothalamo-surrénalien, le stress active la production de catécholamines (adrénaline, noradrénaline et dopamine).
L’action de ces hormones, du cortisol et de la sérotonine sur les muscles manducateurs a été démontrée dans l’activation du bruxisme22Lavigne GJ, Khoury S, Abe S, Yamaguchi T, Raphael K. Bruxism physiology and pathology: an overview for clinicians. J Oral Rehabil. 2008;35(7):476-94. 23Lobbezoo F, Soucy JP, Hartman NG, Montplaisir JY, Lavigne GJ. Effects of the D2 receptor agonist bromocriptine on sleep bruxism: report of two single-patient clinical trials. J Dent Res. 1997;76:1610–1614. .
En effet, en compensant les réactions automatiques sous-corticales liées au stress, le bruxisme aurait un rôle protecteur en permettant à l’individu de :
- gérer son stress
- et de minimiser les troubles psychosomatiques qui lui sont liés24Hori N, Yuyuma N, Tamura K. Biting suppresses stress-induced expression of corticotropinreleasing factor (CRF) in the rat hypothalamus. J Dent Res. 2004;83(2):124-8.
Le rôle de la dopamine comme facteur étiologique du bruxisme a été proposé en s’appuyant sur le fait que les psychostimulants dopaminergiques comme les amphétamines provoquent ou accentuent des épisodes du bruxisme25Lobbezoo F, Lavigne GJ, Tanguay R, Montplaisir JY. The effect of catecholamine precursor L-dopa on sleep bruxism: a controlled clinical trial. Mov Disord. 1997 Jan;12(1):73-8. 26Duminil G, Orthlieb J-D. Le bruxisme tout simplement. Editions Espace ID. Paris; 2015. .
Une étude menée sur des étudiants en période d’examens confirme le lien entre bruxisme et stress27Cavallo, P., Carpinelli, L., & Savarese, G. (2016), « Perceived stress and bruxism in university students. BMC Research » Notes, 9, 514, http://doi.org/10.1186/s13104-016-2311-0. Une autre met en évidence un lien entre le niveau de stress de la journée et la tension nocturne des masséters28Rugh, J.D., solberg, W.K. (1974), « The identification of stressful stimuliin natural environment using of portable biofeedbackunit. Proc.of the biofeedback research », Soc.5th Ann.Meet.Colo.Spr.Colo. .
Par ailleurs, du fait de son lien avec le système limbique, le bruxisme est une para-fonction fortement rattachée à l’état émotionnel et au psychisme.
Certains auteurs vont même jusqu’à avancer que certains types de personnalités seraient davantage sujets au bruxisme29Fisher WF, O’Toole ET. Personality characteristics of chronic bruxers. Behav Med.1993;19:82-6.
- les bruxeurs seraient plus introvertis
- d’autres auraient une tendance plus importante à la dépression et à l’instabilité émotionnelle30Olkinuora M. Psychosocial aspects in a series of bruxists compared with a group of nonbruxists. Proc Finn Dent Soc. 1972;68(4):200. 31Montero J, Gomez-Polo C. Personality traits and dental anxiety in self-reported bruxism. A cross-sectional study. J Dent. 2017;65:45-50.
Caractères héréditaires
Il existe une prédisposition familiale mais on évoque actuellement davantage le mimétisme, aucun marqueur génétique du bruxisme n’ayant été mis en évidence32Hulin C, Kaprio J. Genetic aspects and genetic epidemiology of parasomnias. Sleep Med Rev. 2003;7(5):413-21. .
Le facteur neuropathique (bruxisme secondaire)
Le bruxisme se retrouve dans les pathologies du système central telles que :
- l’épilepsie
- la maladie de Parkinson33Lotharius, J., & Brundin, P. (2002), « Pathogenesis of Parkinson’s disease: dopamine, vesicles and α-synuclein », Nature Reviews Neuroscience, 3(12), pp. 932-942
- la trisomie 2134Lopez-Perez R, Lopez-Morales P, Borges-Yanez SA, Maupomé G, Pares-Vidrio G. Prevalence of bruxism among Mexican children with Down syndrome. Downs Syndr Res Pract. 2007;12:45-59.
- certaines démences
- mais aussi en cas d’hyperactivité thyroïdienne.
On note une augmentation du bruxisme chez les enfants atteints de lésions cérébrales ou d’un retard mental35Dulinil G, Orthlieb JD. Définition, classification, prévalence. In: Duminil G, Orthlieb JD et al. Le Bruxisme tout simplement. Espace ID; 2015. p.11-21. .

Le bruxisme du sommeil est indéniablement associé à la consommation d’alcool36Quadri, M. F. A., Mahnashi, A., AL Almutahhir, A., Tubayqi, H., Hakami, A., Arishi, M., & Alamir,A. (2015), « Association of Awake Bruxism with Khat, Coffee, Tobacco, and Stress among Jazan University Students », International Journal of Dentistry, 842096. , de café et de tabac37Rintakoski, K., Ahlberg, J., Hublin, C., Broms, U., Madden, P. A. F., Könönen, M., Kaprio, J. .
Des drogues comme les amphétamines et la cocaïne accroissent la quantité de noradrénaline, la première par la stimulation de sa production, la deuxième par l’inhibition de son catabolisme.
Elles provoquent ainsi :
- un état de vivacité, d’hyperactivité musculaire
- et aggravent les épisodes de bruxisme
- ou provoquent un bruxisme secondaire38Winocur E, Gavish A, Voikovitch M, Emodi-Perlman A, Eli I. Drugs and bruxism : A critical review. J Orofac Pain 2003;17:99-111. 39Winocur E, Gavish A, Volfin G, Halachmi M, Gazit E. Oral motor parafunctions among heavy drug addicts and their effects on signs and symptoms of temporomandibular disorders. J Orofac Pain. 2001 Winter;15(1):56-63.
La Ritaline®, amphétamine prescrite chez les enfants atteints de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité, est un facteur de risque du bruxisme40Gau SS, Chiang HL. Sleep problems and disorders among adolescents with persistent and subthreshold attention deficit/hyperactivity disorders. Sleep. 2009 May;32(5):671-9. .
Parmi les substances susceptibles de provoquer ou d’accentuer un bruxisme, nous pouvons citer41Winocur E, Gavish A, Voikovitch M, Emodi-Perlman A, Eli I. Drugs and bruxism : A critical review. J Orofac Pain 2003;17:99-11142Lavigne G, Montplaisir J. Bruxism: epidemiology, diagnosis, pathophysiology and pharmacology. Friction JR, Dubner R, editors Orofacial pain and temporomandibular disorders: advances in pain research and therapy. 1995;387-404. :
Substances | Indications |
---|---|
Les antiémétiques (Motilium®, Primpéran®, Vogalene®) | Anti-dopaminergiques périphériques |
Les anti-dopaminergiques centraux comme les neuroleptiques 43Khalil, R. B., & Richa, S. (2012), « Bruxisme induit par les psychotropes: mise au point », Annales Médicopsychologiques, revue psychiatrique, Vol. 170, N°. 3, pp. 169-173. (Théralène®, Risperdal®, Agréal®, Dogmatil®, Sureptil®…) | – Troubles de la personnalité – Bouffées de chaleur – Troubles cognitifs de la personne âgée – Somnifères |
Les antiparkinsoniens : L-dopa44Lobbezoo F, Lavigne GJ, Tanguay R, Montplaisir JY. The effect of catecholamine precursor L-dopa on sleep bruxism: a controlled clinical trial. Mov Disord. 1997 Jan;12(1):73-8. 45Duminil G, Orthlieb J-D. Le bruxisme tout simplement. Editions Espace ID. Paris; 2015. | Syndromes parkinsoniens |
Les vasodilatateurs inhibiteurs du canal calcique (Sibelium ® – flunarizine) | Traitement de fond de la migraine |
Les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (type Prozac®, Zoloft®, Seroplex®…) | Antidépresseurs |
Le lithium | Régulateurs de l’humeur |
Les manifestations du bruxisme au cours du sommeil
Actuellement, le bruxisme du sommeil n’est plus considéré à-priori comme un état pathologique mais plutôt comme un phénomène contrôlé centralement avec divers facteurs de risque systémiques d’accentuation.
Différentes hypothèses sont avancées :
Le bruxisme du sommeil pourrait avoir un rôle physiologique par exemple en ce qui concerne le maintien des voies respiratoires ou la stimulation du flux salivaire voire, chez l’enfant, la stimulation de la croissance des arcades.
La théorie « thegosis » (de thegos = aiguiser)

Selon la théorie « thegosis », le bruxisme, apparemment sans but fonctionnel chez l’homme, serait une habitude instinctive, héritée, qui aurait, à l’origine, une signification plutôt biologique.
L’idée princeps est que, dans le monde animal, le grincement des dents permet de :
- maintenir les dents pointues
- améliorer les contacts dentaires
- entretenir la force des masticateurs
ce qui est nécessaire à la chasse et à la défense46Young, W. G. (1998), « Anthropology, tooth wear, and occlusion ab origine », Journal of dental research, 77(11), 1998, pp. 1860-1863.
Et cette habitude peut s’accentuer en présence de tension interne ou externe, situation facilement assimilable au stress chez l’homme.
Cette théorie pourrait expliquer le fait qu’une activité masticatrice soit mise en évidence pendant le sommeil dans une grande partie de la population.
Elle permettrait également de faire le lien entre le bruxisme et le stress ainsi qu’avec d’autres facteurs psychogènes, notamment les démences ou les comas où l’on observe une exacerbation des réflexes archaïques.
Le bruxisme, trouble du sommeil
Physiologiquement, le sommeil se compose de 2 phases :
- Une phase de sommeil dite orthodoxe ou NREM (Non Rapid Eye Movement) qui correspond à un sommeil
- lent
- profond
- très calme
- sans rêve
- s’accompagnant d’une baisse générale du métabolisme basal.
- La deuxième phase est appelée sommeil paradoxal ou REM (Rapid Eye Movement)
- le sommeil est actif
- s’accompagnant de rêves
- et d’une hypotonie musculaire
💡 A savoir : comme les mouvements périodiques du corps, ces 3 éléments se déroulent pendant la phase NREM du sommeil sous forme de micro-réveils :
- la majorité des troubles du sommeil
- le syndrome d’apnée/hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS)
- les épisodes de bruxismes
Les troubles du sommeil sont favorisés par le stress et peuvent être des comorbidités associées au bruxisme47Manfredini D, Lobbezoo F. Role of psychosocial factors in the etiology of bruxism. J Orofac Pain. 2009;23(2):153-66.
👉 Au moins 1/3 des bruxeurs présentent également des troubles respiratoires pendant le sommeil, des mouvements périodiques des membres ou des ronflements48Hesselbacher S, Subramanian S, Rao S, Casturi L, Surani S. Self-reported sleep bruxism and nocturnal gastroesophageal reflux disease in patients with obstructive sleep apnea: relationship to gender and ethnicity. Open Respir Med J. 2014;8:34-40. .
L’Activité Rythmique de Muscles Manducateurs (ARMM) observée chez près de 60 % de la population générale au cours du sommeil, est considérée comme physiologique.
Chez les patients atteints de bruxisme du sommeil, la fréquence des épisodes d’ARMM est plus élevée (supérieure à 2 épisodes par heure de sommeil) et la contraction musculaire environ 40 % plus importante en intensité.
Ainsi le bruxisme de sommeil serait considéré comme une manifestation exagérée d’un comportement moteur oro-facial physiologique49Carra MC, Huynh N, Feury B, Lavigne G. Overview on sleep bruxism for sleep medicine clinicians. Sleep Med Clin. 2015;10(3):375-84
La physiopathologie du bruxisme du sommeil est en partie expliqué par une réactivation des systèmes nerveux autonome et cérébral pendant les micro-réveils, périodes d’instabilité du sommeil, notamment par un dérèglement du système dopaminergique.
Le rôle du système dopaminergique central est établi dans le contrôle des comportements stéréotypés, tout comme il l’est dans les autres types de troubles moteurs durant le sommeil.
Bruxisme et SAHOS
L’association fréquente du bruxisme du sommeil aux troubles respiratoires du sommeil (SAHOS, Troubles respiratoires obstructifs du sommeil (TROS) de l’enfant)50Durán Cantolla J, Alkhraisat MH, Martínez-Null C, Aguirre JJ, Guinea ER, Anitua E1. Frequency of obstructive sleep apnea syndrome in dental patients with tooth wear. J Clin Sleep Med. 2015 Apr 15;11(4):445-50. 51Hosoya H, Kitaura H, Hashimoto T, Ito M, Kinbara M, Deguchi T, Irokawa T, Ohisa N, Ogawa H, Takano-Yamamoto T. Relationship between sleep bruxism and sleep respiratory events in patients with obstructive sleep apnea syndrome. Sleep Breath. 2014 Dec;18(4):837-44. laisse supposer que le bruxisme pourrait représenter un mécanisme de défense à l’obstruction des voies aériennes supérieures.
L’activité musculaire des muscles manducateurs pourrait contribuer à rétablir la perméabilité des voies aériennes et donc la reprise de la respiration, en lien à un micro-éveil52Manfredini D, Ahlberg J, Mura R, Lobbezoo F. Bruxism is unlikely to cause damage to the periodontium: findings from a systematic literature assessment. J Periodontol. 2015 Apr;86(4):546-55. 53Manfredini D, Restrepo C, Diaz-Serrano K, Winocur E, Lobbezoo F. Prevalence of sleep bruxism in children: a systematic review of the literature. J Oral Rehabil. 2013 Aug;40(8):631-42.
Chez l’enfant, l’amygdalectomie améliorent significativement les TROS (troubles respiratoires obstructifs du sommeil) mais également le bruxisme54Vélez AL, Restrepo CC, Peláez-Vargas A, Gallego GJ, Alvarez E, Tamayo V, Tamayo M. Head posture ans dental wear evaluation of bruxist children with primary teeth. J Oral Rehabil. 2007 Sep;34(9):663-7055Difrancesco RC, Junqueira PA, Trezza PM, de Faria ME, Frizzarini R, Zerati FE. Improvement of bruxism after T&A surgery. Int J Pediatr Otorhinolaryngol. 2004;68:441-445.
La ventilation buccale, impliquée dans la physiopathologie des syndromes d’apnée du sommeil, est également associée au bruxisme du sommeil56Lavigne GJ, Kato T, Kolta A, Sessle BJ. Neurobiological mechanisms involved in sleep bruxism. Crit Rev Oral Biol Med. 2003;14(1):30-46.
Les ventilateurs buccaux utiliseraient le bruxisme pour lubrifier l’appareil digestif supérieur asséché par la respiration orale.
La suspicion ou le diagnostic objectif d’un bruxisme du sommeil doit conduire systématiquement à suspecter un SAHOS, chez l’adulte comme chez l’enfant.
En effet, largement sous-diagnostiqués, les troubles respiratoires obstructifs du sommeil ont des conséquences importantes sur la santé et l’espérance de vie.
Aussi, compte tenu de leur fréquente association, un bruxisme du sommeil peut être considéré comme un éventuel indicateur d’un SAHOS ou d’un TROS (troubles respiratoires obstructifs du sommeil de l’enfant) et conduire à rechercher d’autres symptômes.
Le Reflux gastro-œsophagien (RGO)
Le reflux gastro-œsophagien est caractérisé par la régurgitation du contenu gastrique.
Cette manifestation peut se manifester de jour comme de nuit mais restent plus fréquente durant le sommeil, favorisée par la déclive.
Il existe une forte association entre le bruxisme du sommeil et le RGO57Mengatto CM, Dalberto Cda S, Scheeren B, Barros SG. Association between sleep bruxism and gastroesophageal reflux disease. J Prosthet Dent. 2013 Nov;110(5):349-55. , indépendamment du stress, de l’âge, du sexe ou de l’indice de masse corporelle.
L’acidification œsophagienne serait impliquée dans l’activation des épisodes d’ARMM (Activité Rythmique de Muscles Manducateurs) du bruxisme58Gregory Head BL, Curtis DA, Kim L, Cello J. Evaluation of dental erosion in patients with gastroesophageal reflux disease. J Prosthet Dent. 2000 Jun;83(6):675-80. .
👉 L’hypothèse est que le bruxisme serait déclenché pour venir lubrifier l’appareil digestif supérieur irrité par l’acidité des RGO.
De plus, bon nombre des facteurs de risques des RGO sont communs au bruxisme, par exemple :
- les émotions
- le stress
- et l’anxiété sont à la fois liés à l’étiologie du bruxisme du sommeil et à la physiopathologie gastrique des RGO.
II existerait également une association significative entre les RGO et SAHOS (56).
Il est ainsi possible que ces 3 affections (BS, SAHOS, RGO) surviennent de façon concomitante, chez un même patient, durant le sommeil.
Le facteur allergique
Le bruxisme du sommeil s’exprime de façon concomitante aux allergies oro-faciales59Ito E, Inoue Y. The International Classification of Sleep Disorders, third edition. American Academy of Sleep Medicine. Includes bibliographies and index. Nihon Rinsho. 2015 Jun;73(6):916-23. .

L’hypothèse avancée est que la mobilisation de la mandibule induite par les grincements des dents permettrait de déboucher les trompes d’Eustache (58).
Ce mécanisme peut se retrouver chez l’adulte présentant une allergie persistante, ou une obturation chronique des voies aériennes.
Il serait 3 fois plus fréquent chez les enfants présentant des problèmes d’allergies.
💡Ce qu’il faut retenir
- Le bruxisme est une para-fonction dont l’expression clinique varie dans la forme et l’horaire
- Sa prévalence semble largement sous-estimée
- Le stress et les neuromédiateurs semblent largement impliqués
- Le bruxisme nocturne est une exacerbation d’un phénomène physiologique
- Cette exacerbation est essentiellement liée à des facteurs centraux : rôle du stress et des neuromédiateurs
- Mais également périphériques : apnée, reflux, allergie, malocclusion…
Conséquences cliniques du bruxisme
Au-delà d’un certain seuil, le bruxisme peut être délétère au niveau des différentes structures de l’appareil manducateur mais seuls 6 % des bruxeurs vont développer, à moyen ou long terme, des pathologies oro-faciales60Hue O. manuelle d’occlusodontie Masson, 1992. Chap 461( Duminil G, Orthlieb J-D. Le bruxisme tout simplement. Editions Espace ID. Paris; 2015.) .
Au niveau dentaire
Le bruxisme sévère est un facteur de risque pour les éléments dentaires, notamment quand ils sont artificiels. Les lésions vont de simples facettes d’usure à des plages d’abrasion plus large avec apparition de la dentine et jusqu’à la destruction anatomique de la dent.
La position mandibulaire sera alors perturbée et instable par perte des guidages canins.



L’usure dentaire représente le signe clinique majeur d’un bruxisme. Elle n’en reste pas moins un phénomène physiologique qui ne permet pas à lui seul de diagnostiquer l’existence d’un bruxisme.
Par ailleurs, le bruxisme n’est pas le seul responsable d’une usure dentaire anomale :
- l’alimentation
- les reflux gastro-œsophagiens
- certains troubles du comportement alimentaire comme l’anorexie ou la boulimie
- certains aérosols utilisés dans l’asthme
Lors des mouvements de grincement, se sont souvent les dents antérieures qui subissent le plus de dégâts.


L’examen intra-buccal permettra également de noter la présence :
- d’indentations linguales (marques des dents sur la langue)
- de signes de morsures jugales (linea alba)
- de signes de bris ou de délabrement prothétique
- voire de signes gingivaux à type de régression (retrait de la gencive) ou d’inflammation
Au niveau musculaire



Chez 54 % des bruxeurs, on relève une hypertrophie et une hypertonie des muscles élévateurs de la mandibule et notamment des muscles masséters et des temporaux62Lachiche V., Bonafe I. (2005), « Bruxisme et pathologies discales », Inf. Dent., 14 (87), pp. 813-817.
Les bruxeurs se plaignent fréquemment de :
- tensions
- douleurs musculaires des mâchoires
- difficultés à ouvrir la bouche au réveil
La contracture musculaire peut aller jusqu’au trismus63Le trismus est la contraction constante et involontaire des muscles de la mâchoire (muscles ptérygoïdiens et masséter), qui diminue voire empêche l’ouverture buccale avec limitation de l’ouverture buccale, notamment sous l’action de perturbateurs du système nerveux central (psychotropes, cocaïne, amphétamines).
La tension des muscles manducateurs se répercute au niveau cervical. Sont fréquemment évoquées :
- tensions musculaires
- céphalées64Costa, Y.-M., Porporatti, A.-L., Calderon, P.-S., Conti, P.-C.-R., & Bonjardim, L.-R. (2016), « Can palpation-induced muscle pain pattern contribute to the differential diagnosis among temporomandibular disorders, primary headaches phenotypes and possible bruxism? », Medicina Oral, Patología Oral Y Cirugía Bucal, 21(1), e59–e65
- otalgies (douleurs de l’oreille)65Park B-K, Tokiwa O, Takezawa Y, Takahashi Y, Sasaguri K, Sato S. Relationship of Tooth Grinding Pattern During Sleep Bruxism and Temporomandibular Joint Status. CRANIO J Craniomandib Sleep Pract. 2008;26(1):8-15.
- sensations d’oreilles bouchées

Le bilan musculaire recherchera l’existence de :
– cordes temporales
– spasmes et contractures des muscles masticateurs, de la tête et du cou
Enfin, le bruxisme peut se répercuter au niveau auditif. Du fait de l’innervation commune par le trijumeau des muscles manducateurs et de l’oreille interne, la tension de l’appareil masticateur pourrait induire une hypertonie réflexe des muscles de l’oreille en lien possible avec certains acouphènes.
Remarque : la parotide est la principale glande salivaire. Située en avant de l’oreille, son canal excréteur, le canal de Sténon, chemine dans un dédoublement du fascia du masséter.
👉 En cas de bruxisme, ce canal peut être comprimé par une contracture intense et prolongée du muscle produisant un tableau clinique de pseudo parotidite avec gonflement et baisse de la sécrétion salivaire66Park B-K, Tokiwa O, Takezawa Y, Takahashi Y, Sasaguri K, Sato S. Relationship of Tooth Grinding Pattern During Sleep Bruxism and Temporomandibular Joint Status. CRANIO J Craniomandib Sleep Pract. 2008;26(1):8-15. 6741. HAUSSER-HAUW c., JEDYNACK C.P. Sommeil, bruxisme et hypertrophie des muscles masticateurs, évaluation du traitement par la toxine botulique. J Neurol, 1996.
Au niveau articulaire

Dans une population de patients souffrant de dysfonctionnements temporo-mandibulaires (DTM), on retrouve :
– 50 à 80 % de bruxeurs d’éveil
– 20 à 50 % de bruxeurs nocturnes68Ciancaglini R, Gherlone EF, Radaelli G. The relationship of bruxism with craniofacial pain and symptoms from the masticatory system in the adult population. J Oral Rehabil. 2001 Sep;28(9):842-8. 69Emodi Perelman A, Eli I, Rubin PF, Greenbaum T, Heiliczer S, Winocur E. Occupation as a potential contributing factor for temporomandibular disorders, bruxism, and cervical muscle pain: a controlled comparative study. Eur J Oral Sci. 2015 Sep 1. 703.Fernandes G, Franco AL, Gonçalves DA, Speciali JG, Bigal ME, Camparis CM. Temporomandibular disorders, sleep bruxism, and primary headaches are mutually associated. J Orofac Pain. 2013;27(1):14-20. 71Lachiche V, Bonafé I. Bruxisme et pathologies discales. Inf Dent. 2005;87(14):813-7.
L’appareil manducateur n’est pas destiné à subir des contraintes prolongées. En effet, normalement, au repos, les dents sont séparées par un espace de l’ordre de 2 millimètres.
👉 Elles n’entrent en contact que lors de la déglutition, brièvement, soit entre 15 et 20 minutes par jour.
L’articulation temporo-mandibulaire est une di-arthrose bi-condylienne à disque interposé. Ce disque intra-articulaire n’est ni innervé ni vascularisé et se régénère en baignant dans le liquide synovial.
En augmentant le temps de contact entre les dents, le bruxisme augmente les contraintes articulaires et détériore les structures. Le disque, comprimé, se déshydrate et se fragilise72Robin, O. (2014), Algies et dysfonctionnements de l’appareil manducateur. De l’occlusodontie à la médecine bucco-dentaire, EDP Santé, p. 30. .
A la longue, le bruxisme peut favoriser une désunion condylo-discale, c’est-à-dire une perte des rapports normaux du disque et du condyle et altérer la cinétique mandibulaire73Manfredini, D., & Lobbezoo F. (2010), « Relationship between bruxism and temporomandibular disorders : a systematic review of literature from 1998 to 2008 », Oral Surgery, Oral Medicine, Oral Pathology, Oral Radiology, and Endodontology, 109(6), e26-e50. .


Coupe anatomique sagittale de l’articulation temporo-mandibulaire
- à gauche : bouche fermée, le disque est normalement interposé, il chapeaute le condyle
- à droite : le disque se retrouve en avant du condyle, il y a désunion
L’effet délétère du bruxisme est majoré lorsqu’il est excentré car il provoque, en plus de l’augmentation des contraintes, un étirement des attaches articulaires et discales.

Diagnostic d’un patient bruxeur
L’entretien clinique permet d’établir un dialogue entre le praticien et le patient, de cibler le motif de la consultation, le ressenti du patient en regard de son état et de comprendre ses attentes afin de cerner le problème dans sa globalité.
Selon les recommandations de l’American Academy of Sleep Medicine (ICSD-3), le diagnostic se pose si les critères A et B sont remplis :
A. Présence de grincements de dents réguliers ou fréquents se produisant pendant le sommeil.
ET
B. Présence d’au moins 1 signe clinique parmi les suivants :
- Une usure anormale des dents, correspondant à un grincement des dents durant le sommeil
- Une douleur ou une fatigue des muscles de la mâchoire ressentie de manière transitoire le matin
- Des maux de tête au niveau des tempes
- Un blocage de la mâchoire au réveil
- Une hypertrophie des muscles masséters
- Un dérangement interne de l’articulation temporo-mandibulaire
Quelques questions simples permettent de mettre en évidence le bruxisme du sommeil dont le patient n’a souvent pas conscience74D’Incau E. Les lésions d’usures. In: Duminil G, Orthlieb JD et al. Le Bruxisme tout simplement. Espace ID; 2015. p. 89-105. :
- Est-ce que quelqu’un vous a dit que vous grinciez des dents la nuit ?
- Est-ce que vos dents, vos gencives ou vos mâchoires sont douloureux au réveil ?
- Est-ce que vous avez du mal à ouvrir la bouche au réveil ?
- Est-ce que vous ressentez des douleurs aux tempes le matin au réveil ?
L’anamnèse médicale fait également le point sur :
- Les antécédents médicaux et chirurgicaux
- allergie
- SAHOS
- RGO
- toux nocturne…
- Les facteurs favorisants
- traitements médicamenteux
- consommation de tabac
- alcool
- drogue
- stress
- anxiété
- La qualité du sommeil : compte tenu de la fréquente association bruxisme/SAHOS, la mise en évidence d’un bruxisme de sommeil doit toujours conduire à rechercher un syndrome d’apnée du sommeil.
Pour cela, il existe des questionnaires simples qui permettent d’alerter et d’orienter vers un spécialiste :
Seul un enregistrement polysomnographie ou électromyographique ambulatoire permettra de confirmer le diagnostic de bruxisme du sommeil et de syndrome d’apnée du sommeil.
Le diagnostic d’un bruxisme s’accompagne d’un bilan de l’appareil manducateur afin d’en évaluer l’impact au niveau dentaire, musculaire, articulaire.
👀 voir partie 4 : les conséquences du bruxisme et fiche bilan (à venir)
Les options thérapeutiques pour contrôler le bruxisme
La prise en charge du bruxisme est très peu spécifique. Elle dépend de chaque patient, de l’étiologie possible et des manifestations cliniques.
Le rôle du kinésithérapeute sera de :
- Rassurer le patient
- Conseiller
- prise de conscience
- hygiène de vie
- suppression des habitudes de mastication excessive et des facteurs favorisants comme le café, le tabac , les excitants, les drogues…
- Soulager par la détente des éléments musculaires contracturés et la correction posturale
- Prendre en charge les symptômes d’un dysfonctionnement temporo mandibulaire (DTM)
- Orienter si nécessaire vers un dentiste, un psychologue ou un chirurgien maxillo-facial
L’approche kinésithérapique
Prise de conscience et contrôle des para-fonctions
Serrement de dents, mastication de chewing-gum, onychophagie sont souvent en lien avec le niveau de stress ou de concentration.
L’étape préalable à tout traitement est la prise de conscience. Au cours de la journée, le patient doit, le plus souvent possible, penser à faire une pause et se demander :
Suis-je en train de serrer des dents ?
A chaque fois qu’il prend conscience du contact dentaire, il doit adopter la position de repos mandibulaire :
- lèvres closes sans crispation
- absence de contacts entre les dents
- muscles de la mâchoire relâchés
- langue au palais en arrière des incisives maxillaires
- ventilation nasale et lente
L’enjeu de cette technique est d’arriver à déclencher le reconditionnement mandibulaire, de manière active et fréquente et de développer des stratégies positives d’adaptation au stress75Lobbezoo F, Van Der Zaag J, Van Selms MK, Hamburger HL, Naeije M. Principales for the management of bruxism. J Oral Rehabil. 2008 Jul;35(7):509-23. .
Pour être efficace, la répétition de la séquence doit être de 200 fois par jour76Orthlieb JD, Duminil G. L’alliance thérapeutique ou la prise en charge cognitivo-comportementales (PECC). In: Duminil G, Orthlieb JD et al. Le Bruxisme tout simplement. Espace ID; 2015. p. 183-202. .
L’utilisation de stimuli sensoriels « pense-bêtes » est recommandée :
- gommettes sur l’ordinateur
- bracelet de couleur
- croix sur un carnet
Simple, non invasive, l’auto-prise en charge a démontré son efficacité comparée au traitement par gouttière occlusale77Truelove E, Huggins KH, Mancl L, Dworkin SF. The efficacy of traditional, low-cost and nonsplint therapies for temporomandibular disorder: a randomized controlled trial. J Am Dent Assoc. 2006 Aug;137(8):1099-107. . Son succès dépend essentiellement de la coopération, de l’observance et de la motivation du patient.
Le renoncement aux habitudes de mastication excessive influence les comportements nocturnes du patient et est bien souvent suffisant78Ré JP, préface de Orthlieb JD. Orthèses orales, gouttières occlusales, Apnées du sommeil et ronflements, Protège-dents. Guide Clinique, Edition Cdp 2011, p17-56.
Prise charge des symptômes musculosquelettiques
Pour lever les tensions et contractures musculaires, le kinésithérapeute dispose des techniques habituelles de relaxation musculaire :
- application de chaleur
- massages exo et endo-buccaux
- levées de tensions
- contracté/relâché
- massage des triggers points


- à gauche : massage du masséter endo-buccal
- à droite : idem en exo-buccal
Les manoeuvres concernent les muscles manducateurs mais également cervico-scapulaires.
Le renforcement des antagonistes, c’est-à-dire les muscles abaisseurs de la mâchoire, diminuerait le bruxisme. (109, 103)
L’antéprojection céphalique ayant tendance à favoriser le contact dentaire et le bruxisme, une prise de conscience, des exercices d’éducation posturale associés à un travail respiratoire sont intéressants.
💡 En cas de DTM (dysfonction temporo mandibulaire) ou de SAHOS, la correction des dyspraxies oro-faciales ou des troubles de la cinétique mandibulaire sera envisagée avec un kinésithérapeute formé en rééducation maxillo-faciale.
L’approche psycho-comportementale
Compte tenu du role joué par le stress dans l’étiopathogénie du bruxisme, une solution thérapeutique comportementale ou psychologique peut être proposée.
Pour cela, il est d’abord nécessaire que le patient ait pris conscience du rapport existant entre son stress et le bruxisme. Il pourra ensuite trouver une ou des stratégies qui lui correspondent, comme par exemple, la psychanalyse, l’hypnose.
L’hypnose semble avoir un impact positif sur la diminution du tableau clinique79Clarke, J. H., & Reynolds, P. J. (1991), « Suggestive hypnotherapy for nocturnal bruxism: a pilot study », American Journal of Clinical Hypnosis, 33(4), pp. 248-253. .
Les mesures d’hygiène du sommeil
L’objectif de ces mesures est d’améliorer la qualité du sommeil avec des stades de sommeil profond augmentés.
Il est recommandé de :
- maintenir un programme de sommeil régulier, suffisant et non fractionné
- d’éviter les stimulants plusieurs heures avant le coucher
- d’adopter une meilleure hygiène de vie.
↪️ Avoir un meilleur sommeil permet une meilleure hygiène de vie, avoir une meilleure hygiène permet un meilleur sommeil !
L’exercice physique diurne est recommandé, car il diminue le bruxisme efficacement, en raison de son effet coordinateur sur les systèmes moteurs et sur les stades du sommeil.
Il augmente le sommeil profond (stades 3 et 4) aux dépens du sommeil léger (stade 2) pendant lequel se produisent les épisodes de bruxisme.
On conseille également d’éviter les positions de sommeil ventrale et dorsale.
Approche odontologique
La gouttière occlusale
Bien que l’occlusion dentaire joue un rôle mineur dans l’étiologie du bruxisme, le port d’une gouttière occlusale dite de stabilisation ou de relaxation est le « traitement » classique habituellement proposé.
Cette thérapeutique palliative va prendre en charge les conséquences du bruxisme et tenter d’en limiter les dommages :
- protection des dents
- réduction des contraintes sur les ATM
- diminution transitoire de l’hyperactivité musculaire
- diminution des douleurs musculo-articulaires
En empêchant l’occlusion d’intercuspidation maximale habituelle du bruxeur, la gouttière est un moyen de reconditionnement neuromusculaire simple et efficace. Elle permet une prise de conscience du serrement et un retour de la position physiologique et fonctionnelle.
Il est intéressant de noter que, malgré des mécanismes théoriques séduisants, l’effet placébo d’une gouttière est important80Rin O. (2014), Algies et dysfonctionnements de l’appareil manducateur. De l’occlusodontie à la médecine bucco-dentaire, EDP Santé, p. 45.
De port nocturne, la gouttière est transparente, dure, mince, et recouvre la totalité de l’arcade. Elle doit être stable et confortable.
En pratique, le dentiste assure la prise d’empreinte et les éventuelles adaptations, l’orthésiste la réalisation. Il n’est pas besoin d’une ordonnance de médecin. La gouttière est remboursée par la sécurité sociale sur la base de 172.80 €, mais des dépassements sont fréquemment pratiqués.


En pratique :
- Les gouttières souples ne sont pas recommandées car elles favorisent un réflexe de mâchonnement paradoxal qui augmente la tension musculaire81Ré JP, Chossegros C, El Zoghby A, Carlier JF, Orthlieb JD. Occlusal splint: state of the art. Rev Stomatol Chir Maxillofac. 2009 Jun;110(3):145-9.
- La gouttière doit prendre la totalité de l’arcade pour répartir les forces occlusales et éviter les égressions
- La gouttière mandibulaire semble plus confortable et ne gêne pas la posture linguale de repos au palais.
- La surface doit être lisse mais non plane, reproduisant de façon atténuée les reliefs pour une certaine stabilisation en occlusion sans verrouillage. Une surface lisse aura tendance à stimuler un « patinage « des dents l’une sur l’autre
- Son épaisseur est de 1 à 2 millimètres de façon à ne pas augmenter de façon excessive la dimension verticale et générer des tensions musculaires.
Le port de la gouttière lors des 1ères semaines entraine un relâchement du tonus musculaire des muscles manducateurs mais cet effet de décontraction est souvent de courte durée.
En effet, l’activité rythmique musculaire est d’origine cérébrale (système nerveux autonome) et non la conséquence d’un déséquilibre local.
Après un port de 4 semaines, l’efficacité de la gouttière diminue. Cependant, un port continu à long terme peut générer une forme d’accoutumance et de dépendance, procurant une sensation rassurante de protection.
Chez 20 % des patients, la gouttière peut augmenter le bruxisme. Une fois passé l’effet inhibant initial, le patient reprend ses habitudes de serrement, avec un sentiment d’impunité, sur une gouttière occlusale bien équilibrée, et de façon plus prononcée82Ekberg E, Vallon D, Nilner M. The efficacy of appliance therapy in patients with temporomandibular disorders of mainly myogenous origin. A randomized, controlled, short-term trial. J Orofac Pain. 2003;17(2):133-9. .
Pour éviter tout effet d’accoutumance contre-productif, le sevrage se fera progressivement dès l’obtention d’une meilleure gestion du bruxisme. Après l’arrêt de son port, le reconditionnement des muscles masticateurs sera uniquement entretenu via la prise en charge diurne de la para-fonction.
👉 Lorsque l’objectif de la gouttière est la protection des dents ou des prothèses, son port peut être préconisé au long cours.
La réhabilitation occlusale
Le rétablissement d’un schéma occlusal fonctionnel et harmonieux diminue, de façon provisoire, l’activité musculaire du bruxeur.
L’intervention occlusale « vraie » comprend différentes approches telles que :
- l’équilibration occlusale
- la réhabilitation prothétique
- le traitement orthodontique
Ces méthodes reposent sur le principe de biofeedback. Le fait de générer de nouvelles informations proprioceptives provoque des réflexes d’évitement et influence le recrutement, la direction et l’amplitude des mouvements mandibulaires83Michelotti A, Cioffi I, Landino D, Galeone C, Farella M. Effects of experimental occlusal interferences in individuals reporting different levels of wake-time parafunctions. J Orofac Pain. 2012 Summer;26(3):168-75. .
L’optimisation des fonctions occlusales n’est pas la méthode principale de prise en charge du bruxisme mais elle peut aider à rééduquer le patient bruxeur.
L’approche pharmacologique
L’utilisation de la toxine botulinique
La toxine botulique est une neurotoxine qui agit en inhibant la libération d’acétylcholine au niveau de la synapse, provoquant ainsi une paralysie musculaire flasque.
Les injections de toxine botulique sont un traitement efficace de l’hypertrophie et de l’hypertonie des muscles masticateurs. L’effet se fait sentir en quelques jours : disparition des sensations de constriction maxillaire, allégement des contraintes au niveau des ATM, relâchement des tensions, disparition des céphalées au réveil et dégonflement des masséters.

Les injections doivent être réalisées par un praticien expérimenté. Les effets indésirables transitoires existent comme le creusement excessif des joues ou une gêne masticatoire.
Outre leur coût (indication hors AMM), elles présentent comme inconvénient leur relative brièveté d’action et donc la nécessité d’être renouvelées tous les 4 à 6 mois.
Remarque : afin d’éviter la diffusion aux muscles avoisinants, les massages sont proscrits pendant les jours qui suivent l’injection.
L’approche médicamenteuse
Il existe très peu d’études justifiant l’intérêt de traiter le bruxisme via la pharmacologie et les données existantes sont insuffisantes pour tirer des conclusions définitives.
Prise en charge des co-morbidités
Les comorbidités du bruxisme du sommeil, comme l’insomnie, les troubles respiratoires, le SAHOS, le reflux gastroœsophagien et les troubles neurologiques (l’épilepsie du sommeil) peuvent coexister chez un même patient et leur prise en charge doit être distincte.
Le SAHOS
Chez l’enfant comme chez l’adulte, en cas de suspicion de troubles respiratoires du sommeil associés au bruxisme du sommeil, il est recommandé de réaliser des examens en laboratoire du sommeil.
Chez les enfants souffrant de bruxisme du sommeil associé à des TROS (troubles respiratoires obstructifs du sommeil de l’enfant), l’amygdalectomie (ablation des amygdales) et l’adénotonsillectomie (ablation des amygdales et des végétations adénoïdes) améliorent significativement le bruxisme84Difrancesco RC, Junqueira PA, Trezza PM, de Faria ME, Frizzarini R, Zerati FE. Improvement of bruxism after T&A surgery. Int J Pediatr Otorhinolaryngol. 2004;68:441-445 parfois jusqu’à sa disparition 85Lamberg L. Dealing with pediatric sleep disorders can call for a wide range of expertise. JAMA. 2008 Jun 4;299(21):2497-8.
Selon la HAS, chez tout patient porteur d’un SAHOS, il est recommandé de 86HAS – Evaluation clinique et économique des dispositifs médicaux et prestations associées pour la prise en charge SAHOS ; Volet 1, 15 juillet 2014 :
- donner des conseils alimentaires pour obtenir une réduction pondérale
- donner une information sur les médicaments et substances à éviter
- dépister et traiter les comorbidités
- traiter une obstruction nasale

La ventilation nasale par pression positive continue (PPC) est considérée comme le traitement de référence du SAHOS.
Les orthèses d’avancée mandibulaire constituent un traitement alternatif de la PPC.
Une rééducation maxillo-faciale est mise en place pour corriger les dyspraxies oro-faciales et ventilatoires dont le dépistage est essentiel dès le plus jeune âge.
Cas particuliers de l’enfant
Après l’exclusion de comorbidités associées, le bruxisme du sommeil peut être considéré comme une para-fonction physiologique orale chez l’enfant, ne nécessitant pas de traitement invasif et demandant simplement un suivi au long terme.
La prévalence du bruxisme du sommeil diminuant après l’adolescence, la stratégie d’observation représente l’approche la plus raisonnable à utiliser chez ces jeunes patients.
Arbre décisionnel

Le bruxisme est une para-fonction largement répandue dans la population générale, souvent anodine pour le patient mais qui peut, parfois, être dévastatrice pour les différentes structures de l’appareil manducateur et présenter des comorbidités associées qu’il est alors nécessaire de dépister.
Sujet vaste, complexe, il est encore mal défini et méconnu des différents praticiens.
L’éducation thérapeutique et l’approche comportementale sont les points clef de la prise en charge du bruxisme.

- Kinésithérapeute maxillo-faciale (DU techniques de rééducation maxillo-faciale)
- Formatrice maxillo-faciale- Mkng formations
Avant
- Formatrice – TMinstitut
- Responsable de formation – GSK
Références
- 1Collège National d’Occlusodontie , 2001
- 2Une para fonction met en œuvre les mêmes phénomènes qu’une praxie mais involontairement à savoir que la répétition du geste engendre une boucle motrice automatisée. Ces phénomènes d’habituation s’installent d’autant plus rapidement au niveau de la bouche que la sphère orale est un lieu privilégié des sensations plaisantes et apaisantes
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