Qu’est-ce que l’hypnose ?
L’hypnose : un état modifié de conscience
L’hypnose est un état modifié de conscience qui se caractérise par une focalisation intense de l’attention et une réceptivité accrue aux suggestions.
Dans cet état, le sujet entre dans un état de conscience modifié, en transe hypnotique, que l’on pourrait comparer à une forme de rêverie, durant lequel il est plus ouvert aux suggestions et peut atteindre et se laisser guider vers un niveau de relaxation profonde.
L’hypnose est généralement induite par un hypnothérapeute, mais cela peut aussi se faire seul, d’autant que l’on connaît tous l’état d’hypnose, qui est un état naturel qui survient régulièrement dans la journée.
L’hypnose : un état modifié de confiance
L’hypnose, que l’on a précédemment décrite comme un état modifié de conscience, implique un aspect essentiel de confiance, à la fois envers soi-même et envers l’hypnothérapeute.
Lorsque quelqu’un prend un rendez-vous pour une séance d’hypnothérapie, il doit faire confiance à son propre esprit et à sa capacité à entrer dans cet état de conscience particulier. Cette confiance en soi est cruciale car l’hypnose nécessite une certaine ouverture d’esprit et la volonté de se laisser guider vers un état de relaxation et de focalisation intérieure.
D’un autre côté, la confiance envers l’hypnothérapeute est tout aussi importante. Pour que l’hypnose soit efficace, le sujet doit se sentir en sécurité et soutenu par le praticien.
Cette relation de confiance facilite la coopération entre le patient et l’hypnothérapeute, permettant ainsi à ce dernier de guider le patient vers ses objectifs thérapeutiques. La bienveillance, l’empathie et la compétence de l’hypnothérapeute contribuent à instaurer cette confiance et à créer un environnement propice à la réussite de la séance.
Lorsque la confiance est établie à la fois envers soi-même et envers l’hypnothérapeute, le patient est plus enclin à se laisser aller, à se libérer des résistances et à explorer des aspects de son esprit habituellement moins accessibles.
Origines de l’hypnose
L’hypnose a une longue histoire qui remonte à l’Antiquité, mais elle a été largement étudiée et popularisée par le médecin autrichien Franz Mesmer au XVIIIe siècle.
À cette époque, on parlait de « magnétisme animal » pour décrire le phénomène hypnotique.
Par la suite, l’hypnose a été explorée et développée par de nombreux médecins et psychologues, dont James Braid, qui a proposé le terme « hypnose » en référence au dieu grec du sommeil, Hypnos.
L’hypnose a connu des “hauts et des bas”, oscillant entre admiration et scepticisme dans le domaine médical, mais elle est aujourd’hui reconnue comme une pratique thérapeutique utile et complémentaire dans de nombreuses disciplines de santé, y compris la kinésithérapie.
Hypnose et kinésithérapie : un duo gagnant ?
L’apport de l’hypnose dans le soulagement de la douleur
En kinésithérapie, l’hypnose peut être précieuse dans la gestion de la douleur notamment. En guidant le patient dans un état de relaxation profonde, l’hypnose peut réduire la perception de la douleur et améliorer la tolérance aux exercices physiques. Les suggestions hypnotiques peuvent également aider à atténuer l’anxiété et les tensions associées à certaines affections musculosquelettiques, favorisant ainsi une meilleure récupération et rééducation fonctionnelle. De plus, l’hypnose offre une approche non pharmacologique pour soulager la douleur, évitant ainsi la dépendance aux analgésiques et leurs effets secondaires indésirables.
L’hypnose pour une meilleure relaxation et gestion du stress
Le stress et l’anxiété sont des facteurs qui peuvent entraver la progression d’un traitement kinésithérapique. En intégrant des techniques hypnotiques, le kinésithérapeute peut aider le patient à se détendre profondément et à mieux gérer le stress lié à sa condition physique. L’hypnose permet de libérer les tensions mentales et émotionnelles, favorisant ainsi un état de calme intérieur propice à l’amélioration des capacités physiques et à l’adhésion au traitement. En enseignant également des techniques d’auto-hypnose au patient, celui-ci peut développer des outils pour faire face au stress quotidien et maintenir un équilibre psychophysique bénéfique à sa rééducation.
L’hypnose pour améliorer sa communication avec les patients
Avec les techniques de langage utilisées en hypnose, vous allez modifier votre façon de parler et de communiquer.
Par exemple : plutôt que de demander à votre patient “vous avez mal ?” vous pourriez lui demander “quelles sont vos sensations ?”.
De la même manière, vous pourriez utiliser des présuppositions, présupposant qu’il va se rétablir.
Avec les techniques de langage hypnotique, vous allez pouvoir influencer positivement la rééducation.
L’hypnose : qu’en dit la science ?
Selon le rapport de 2005 de l’INSERM qui évalue l’efficacité de l’hypnose, une vingtaine d’études cliniques et de revues de la littérature, comprenant plus de 100 participants, ont été réalisées par Cochrane pour explorer les applications de l’hypnose, telles que l’hypnosédation, l’hypnoanalgésie pour l’accouchement, les interventions chirurgicales, les troubles fonctionnels comme le syndrome du côlon irritable, les bouffées de chaleur et les troubles psychiatriques tels que les addictions et le stress post-traumatique. Certaines de ces études présentent une excellente méthodologie.
Les résultats de ces études sont hétérogènes, mais ils apportent suffisamment de preuves pour soutenir l’idée que l’hypnose possède un potentiel thérapeutique, surtout dans le contexte de l’anesthésie peropératoire et du syndrome du côlon irritable (SCI).
En revanche, les données actuelles sont moins prometteuses ou décevantes pour d’autres applications, comme l’arrêt du tabac ou la gestion de la douleur pendant l’accouchement.
Effet placebo ? Effets contextuels ? Limite de la science ? Les prochaines recherches pourraient nous renseigner davantage.
Évidemment, ces études ont des limites. Par exemple, les avantages exprimés par les patients ne sont pas toujours facilement quantifiables avec les outils cliniques traditionnels utilisés dans les études. Par exemple, dans le traitement de la douleur, il apparaît que l’hypnose réduit davantage l’impact émotionnel de la douleur que son intensité proprement dite.
Difficile également de définir la part d’efficacité du rapport, ou alliance thérapeutique, la part de l’hypnose (l’état), et la part des techniques hypnotiques (outils, techniques et protocoles).
Certains biais méthodologiques sont également relevés, comme l’amalgame entre l’hypnose et l’EMDR dans le rapport, alors que ce sont deux pratiques distinctes. D’autres biais concernent la sélection et l’exploitation de certaines bases de données, l’exclusion de la littérature en sciences humaines, ou encore l’analyse souvent quantitative plutôt que qualitative des études.
Les recherches et études scientifiques tentent de fournir des explications fiables pour mieux comprendre les effets de l’hypnose et son efficacité dans différentes applications. Cependant, il est essentiel de rester vigilant quant aux limites méthodologiques et d’approfondir les recherches pour mieux appréhender la pratique de l’hypnose.
Conclusion
En conclusion, l’hypnose frappe depuis quelque temps à la porte de la kinésithérapie. L’hypnose suscite intérêt et crainte, fascination et appréhension, et beaucoup de questionnements : est-ce vrai ? Est-ce efficace ? Est-ce plus efficace qu’un placebo ?
Les études et recherches disponibles suggèrent que l’hypnose peut apporter des bénéfices significatifs en termes de gestion de la douleur, de réduction de l’anxiété et du stress, ainsi que dans certains cas spécifiques comme le syndrome du côlon irritable.
L’hypnose, réputée “redoutable” pour la perte de poids et l’arrêt du tabac, n’a, à ce jour, pas encore fourni les preuves de son efficacité dans les études citées dans le rapport de l’INSERM. Les recherches doivent se poursuivre.
Dans tous les cas, intégrer l’hypnose dans sa pratique masso-kinésithérapeutique permet d’avoir une approche d’autant bio-psycho-sociale, avec des techniques pertinentes pour influencer l’aspect psychologique de la prise en charge.
Quelques références
« L’hypnose médicale : Processus, techniques et applications en kinésithérapie«
Auteurs: Antoine Bioy, Caroline Demaille-Wlodyka, Cécile Guéguen, Régis Vioulac
Source: Science Direct
Année: 2017
Auteurs: Marine Virot, Jeanne Dérou-Laborderie, Thibault Reman
Source: Em Consulte
« Évaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose«
Auteurs: INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale)
Source: INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale)
Année: 2015
Ancien MKDE, Sébastien JOUMEL est le fondateur de l’Institut Français de Formation en Thérapies Brèves (I2FTB), école spécialisée dans les formations en hypnose, et les formations en programmation neuro-linguistique.