Plus de 5% de la population est diabétique, et près de 50% est en surpoids ou obèse.
L’alimentation occidentale moderne et l’hygiène de vie sont fortement impliquées.
Mais entre prise de poids et « basculement » vers le diabète, il y a de nombreuses étapes.
L’organisme tente de s’adapter et de fonctionner au mieux, pendant de nombreuses années : cette période est une fenêtre d’opportunité pour prévenir les complications.
Saviez-vous que ces phénomènes pouvaient impacter la fertilité et même la neurodégénérescence ?
« Homéostasie »
Un joli terme pour exprimer la faculté de l’organisme à réguler ses caractéristiques physiologiques.
Parlons ici de l’une d’entre elles en particulier : la glycémie.
Le taux de sucre dans le sang doit rester inférieur à 1g par litre, et pour cela nous avons un mécanisme de régulation basé sur la sécrétion d’une hormone par le pancréas : l’insuline.
L’insuline est une hormone peptidique dont l’action hypoglycémiante consiste à orienter le sucre présent en excès dans la circulation vers les réserves situées dans le foie et le tissu adipeux.
Autrement dit : après avoir mangé des glucides, le corps va se réguler automatiquement, et cette régulation entraînera un stockage de gras.
Voilà pourquoi le sucre fait grossir, et peut provoquer des maladies du foie (NASH ou stéatose hépatique, aussi appelée maladie du soda).
*NASH = non alcoolic steato-hepatitis
Résistance à l’insuline
Ce mécanisme hormonal finement régulé est l’héritage de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs. Bien plus exposés aujourd’hui à la consommation de sucre sous toutes ses formes, nous finissons souvent par le détraquer.
Les cellules-cibles stimulées trop souvent par le message insulinique peuvent y devenir résistantes.
Imaginez qu’on vous crie des ordres à longueur de journée : vous finiriez par vous boucher les oreilles !
Mais comme le message doit continuer à passer pour maîtriser l’homéostasie glucidique, les ordres seront criés, toujours plus fort.
C’est ainsi qu’une alimentation à charge glycémique élevée conduit rapidement à une insulinoresistance, et une sécrétion toujours plus importante d’insuline pour maintenir la glycémie stable.
Au niveau biologique, on pourra constater chez de nombreux patients une glycémie à jeun normale avec une insulinémie élevée.
Ce ratio est proposé par les laboratoires, il s’appelle index HOMA. Il permet de détecter de manière très précoce un dérèglement du métabolisme glucidique.
*HOMA = Homeostasis Model Assesment

Effet de l’insuline sur le système hormonal
L’hyperinsulinisme se traduit souvent (mais pas toujours) par une prise de poids, particulièrement abdominale. Mais il a aussi d’autres effets pervers.
L’insuline augmente la conversion de testostérone en œstradiol via l’activité enzymatique de
l’aromatase.
Ceci peut avoir un impact délétère chez l’homme, mais aussi chez la femme qui pourra souffrir de troubles liés à l’excès d’imprégnation œstrogènique.
Chez les femmes, un autre mécanisme peut intervenir.
L’insuline va augmenter la sécrétion de LH par l’hypophyse, et inverser le rapport LH/FSH. La commande centrale ainsi perturbée aboutira à une production plus importante de testostérone par les ovaires.
La femme pourra présenter des signes d’excès d’imprégnation androgénique : pilosité, alopécie.
Ce mécanisme est souvent impliqué dans les manifestations du SOPK, première cause d’infertilité féminine.
*SOPK = syndrome des ovaires polykystiques

A ce sujet, n’hésitez pas à consulter ce post facebook très intéressant.
Effet de la glycation à long terme
Après l’ingestion de glucides, la glycémie s’élève et ne redescendra que sous l’effet de l’insuline ou de l’activité physique.
Pendant un moment, nous sommes donc en hyperglycémie. Durant ces plages transitoires, le sucre en excès aura tendance à se fixer et déformer les protéines circulantes. On appelle ce phénomène la glycation.
La modification de structure des protéines empêche leur bonne fonction, elles vont s’accumuler et causer des dégâts parfois sévères.
On connaît le marqueur de la glycation, surveillé chez les diabétiques pour éviter ces complications (artériopathies, rétinopathies) : le taux d’hémoglobine glyquée.
En réalité ce marqueur est tout à fait pertinent dans la population générale, en visant un taux beaucoup plus exigeant.
La glycation est un phénomène majeur du vieillissement et de la dégénérescence. Elle est impliquée dans le déclin cognitif et la maladie d’Alzheimer.

En pratique
Adopter une alimentation à index glycémique faible.
Adopter les stratégies pour éviter les variations brutales de glycémie
Cela sera bénéfique sur :
- l’énergie
- la concentration
- la modulation de l’inflammation
- mais également sur l’équilibre hormonal
- et la santé à long terme.
Définition : la charge glycémique d’un aliment est un nombre qui estime à quel point l’aliment augmentera la glycémie d’une personne après l’avoir mangé.
Les aliments contenant des glucides sont nécessaires à nos apports journaliers, surtout si on est très actif. Ces aliments sont tous ceux qui contiennent des sucres, sous n’importe quelle forme.
Il peut s’agir :
- des produits sucrés
- mais aussi des céréales
- féculents
- légumineuses
- des farines
- du pain
- et même des fruits !

N’oublions pas qu’un aliment est toujours un assemblage de nutriments.
Le riz complet contient par exemple des glucides, des fibres et des protéines mais aussi des minéraux.
- Pour baisser la charge glycémique, il convient d’associer les glucides
- à des fibres (choisir les céréales complètes plutôt que raffinées, ajouter des légumes verts en accompagnement)
- ou du gras (l’occasion d’intégrer les bonnes graisses comme un avocat, des noix ou un trait d’huile de colza)
- d’éviter les produits transformés et raffinés.
On évitera de manger des produits glucidiques au début d’un repas ou entre les repas.
Typiquement, oubliez la corbeille de pain en attendant votre plat au restaurant !
2. Commencez votre repas par une salade verte assaisonnée d’une bonne huile.

3. Si vous faites une collation entre les repas : mangez d’abord un produit gras et/ou protéiné. Par exemple une poignée d’amandes suivie d’un fruit ; un yaourt grec suivi d’un biscuit, un morceau de fromage suivi d’une tranche de pain etc…

4. L’activité physique a également toute sa place, pour économiser l’insuline en poussant les muscles à consommer directement le glucose : faites bouger vos patients !

Références
- Guénaëlle Abéguilé Ovulation Power
- Jessie Inchauspé Glucose Révolution
- David Perlmutter Grain Brain
- Lara Briden Period Repair Manual
- Denis Riché Micronutrition, Santé et Performance
- Colette Harris PCOS Diet Book: How you can use the nutritional approach to deal with polycystic ovary syndrome.
- Marie Chioca Les secrets de la cuisine à IG bas

Elsa Jouenne, kinésithérapeute libérale. DU de micronutrition.
Activités : Kinésithérapie, thérapie manuelle, Jones thérapeute.
Conseillère en santé fonctionnelle et micronutrition.
Formatrice en micronutrition.
Formations : Thérapie manuelle Sport. Thérapie manuelle viscérale. Pilates Jones fascial counterstrain (en cours) Micronutrition – Hormonologie fonctionnelle.